… Nous savons que nous sommes faits à l’image de nos ancêtres et nous, les Québecois, si nous remontons dans nos lignées, nous découvrirons bien, caché quelque part, un Amérindien.
Moi, j’ai cette chance du côté maternel. Je suis tombée en amour avec leurs histoires si touchantes, au point qu’avec mon mari, nous avons construit un village amérindien dans l’érablière de mon père : une maison longue en écorce de cèdre, deux tipis et une cabane en bois rond. C’est devenu un centre de loisirs et de tourisme et nous y avons accueilli des enfants de plusieurs écoles primaires des environs pendant deux ans.
J’aime beaucoup le terme Premières Nations. Ils étaient là les premiers.
Ce petit centre de loisirs que nous avons fondé était principalement pour les enfants : en fait, notre relève. Je crois qu’en entendant toute la misère que les Amérindiens et les premiers colons ont surmontée afin de nous léguer un héritage, les enfants ont pu vivre autrement ce qui leur est présenté à l’école.
… Chez les Amérindiens, tout était vécu de façon spirituelle. La nature était sacrée. Lorsqu’ils partaient en quête de gibier, ils priaient avant et après la chasse. Quand ils tuaient une bête, ils la remerciaient pour la nourriture, la fourrure, les os, etc. car tout était utilisé.
Ils respectaient rigoureusement la hiérarchie familiale et les ancêtres étaient vénérés. Chacun avait son rôle dans les travaux de la famille. La mère était perçue comme une déesse aux yeux de tous, car elle donnait la vie. Son rôle était d’éduquer spirituellement et d’apporter la sagesse…
Dans les tipis, j’ai pu proposer aux enfants de prier à la manière des Amérindiens : remercier humblement pour les bienfaits de la nature, écouter le vent dans les arbres, ramasser du feu de bois pour le feu de joie et de réconciliation, éveiller leurs consciences à la protection de la mémoire ancestrale des deux côtés, Amérindiens et Blancs, dont nous sommes issus. Certains enfants comprenaient tout de suite le lien avec l’écologie et la planète, en même temps que la dimension spirituelle de l’être humain, de la nourriture de l’âme et de la beauté de la vie…
Plus de 300 enfants se sont réunis en cercle dans les tipis. Nous n’avons pas réussi à faire vivre ce village bien longtemps, car nous avons manqué de fonds. Mais ces quelques années nous ont permis, à ma famille et à mes enfants, de rétablir notre lignée ancestrale au cœur de ma vallée.
Extraits des pages 117 à 123 de mon livre ( Les secrets cachés dans ma vallée)